Starmania "Edition Rouge"

« Succès de critique, succès de fréquentation, succès financier même, c'est certain.Mais surtout, succès d'une oeuvre qui à pris sa vraie dimension dans une version ... à la fois high tech et étonnamment humaine, en même temps épurée et terriblement sophistiquée. » (Mario Roy, La Presse, Montréal 24/12/1988).

Michel Berger et Luc Plamondon ont mis en scène une nouvelle quatrième version de Starmania, rendant l'histoire plus accessible au public. Ils ont continué à supprimer les personnages et Gourou Marabout, l'Extraterrestre, les parents de Cristal, les visiteurs du Underground Café avaient été supprimés, ainsi que de nombreuses chansons. Le côté bande dessinée et naïf de Starmania 1979 a disparu, et il est devenu plus sombre et plus gothique.

Le casting remarqué était le suivant : Maurane (puis Réjane Perry) : Marie-Jeanne ; Richard Groulx (puis Michel Pascal) : Zéro Janvier; Norman Groulx (puis Renaud Hantson) : Johnny Rockfort; Renaud Hantson (puis Solal) : Ziggy ; Martine St-Clair (puis Nathalie Lermitte) : Cristal; Wenta (puis Bruna Giraldi) : Sadia ; Sabrina Lory : Stella Spotlight ; Luc Lafitte (puis Jean-Jacques Fauthoux) : Roger-Roger.

Trois chanteurs des productions précédentes de Starmania au Québec 1980 et 1986 ont été invités à Paris - Martine St-Clair, Richard Groulx et Norman Groulx. Ils ont été choisis par les auteurs de Starmania. La quatrième devait être Marie-Denise Pelletier, pour le rôle de Stella Spotlight. Mais 4 Canadiens étaient considérés comme trop. Sabrina Lory, dont les producteurs l'ont empêchée de participer au Starmania original, a été choisie pour incarner Stella Spotlight. Wenta a également auditionné pour les rôles de Stella et Sadia en 1978, mais n'a rejoint le groupe que pour cette production.

Le spectacle a été joué au Théâtre de Paris puis au Théâtre Marigny. Le Théâtre de Paris avait plus de 175 ans, et son entretien avait visiblement été négligé… « Lorsque nous sommes entrés pour la première fois au Théâtre de Paris, ce que nous avons vu était un peu déprimant : la salle n'était pas en si bon état et surtout, les dispositifs de scène ne semblaient absolument pas répondre à nos besoins », raconte Plamondon. (Mario Roy, La Presse, Montréal 24/12/1988). Starmania a donné un nouveau souffle au théâtre mourant et a ouvert le rôle à la comédie musicale Cats en français et non en anglais.

Les jeunes constituaient le premier public du Théâtre de Paris, tapant du pied et chantant toutes les chansons. C'étaient probablement des adolescents aussi rebelles que Johnny Rockfort et Cristal. « Enfin, formidable succès d'interprétation pour Martine Saint-Clair et Norman Groulx, Cristal et Johnny Rockfort, qui sont les grandes vedettes de cette entreprise franco-québécoise. Sur la scène de la rue Blanche, St-Clair a enfin trouvé cette qualité d'émotion, de passion, qu'elle n'a peut-être pas toujours su insuffler à sa production. Elle forme un incroyable duo ( Il faut écouter Monopolis et Quand on n'a plus rien à perdre) avec Norman Groulx que l'on a entendu dans la dernière version québécoise de Starmania, et est gratifié d'une voix au formidable registre, d'une fougue, d'une impertinence allant comme un gant au personnage de bum sympathique qu'il incarne. » (Mario Roy, La Presse, Montréal 24/12/1988).

En 3 mois cette Starmania a attiré les yuppies de la Cité, les branchés de province, les vieilles beautés de tout Paris accompagnées de leurs maîtresses. ministres, présidents, princes. Assez curieusement, il est devenu à la mode d'amener une maîtresse au spectacle. Et les syndicats ont acheté des billets pour le spectacle pour leurs travailleurs.

Ce succès détermine le déménagement de l'ancien Théâtre de Paris (il peut désormais accueillir Cats) sur la scène du prestigieux Théâtre Marigny, sur les Champs-Élysées. Selon Luc Plamondon, "C'est l'équivalent de ce que ce serait, à New York, de passer du off-Broadway à Broadway". Après le déménagement à Marigny en janvier 1989, 200 000 Parisiens devaient voir Starmania d'ici avril.

La mise en scène a été assurée personnellement par Luc Plamondon et Michel Berger. C'était à l'époque une mise en scène surprenante, pleine de gadgets efficaces, qui utilisait tout l'espace disponible en profondeur, en hauteur et jusque dans la fosse d'orchestre - là où se trouvait le comptoir de Marie-Jeanne. Roger Roger a été placé sur une plateforme spéciale, une sorte de grue-caméra. Il y avait aussi un éclairage sophistiqué, 3 musiciens live (dont un saxophoniste) et une instrumentation luxueuse puisque les 2 magiciens de la direction musicale Serge Perathoner et Jannick Top travaillaient également pour cette production. Pour l'époque, c'était bien sûr une percée.